Discours d'Abdallah Agwa en Français.

09/09/2019

Discours de Abdallah Abdou Hassan Agwa, tenu le 05/09/19. Pour rappel, des militaires s'étaient introduits chez lui, armés, la nuit du 03/09/19.

Merci beaucoup, peuple comorien. Nous nous retrouvons comme d'habitude pour l'actualité de notre pays. Il n'y a pas grand chose à dire aujourd'hui. Mes respects Comoriens de l'intérieur et de la diaspora. Braves gens de ce pays, organismes internationaux et nationaux, puisse Dieu vous accorder sa paix et sa miséricorde, As salam anlaikum wa rahmatullah wa barakatuh.

Avant-hier, mardi, après vous avoir informé de la situation politique qui prévaut actuellement dans notre pays, qu'il s'agisse de la question relative aux députés ou du discours d'Azali Assoumani, une grande agitation a eu lieu.

Dès lors, nous avons choisi de ne pas nous exprimer pour prendre le temps de mener nos investigations avant de venir vers vous avec les informations les plus fiables. Merci à vous qui êtes à l'extérieur, à Oubeidillah Mchangama, Ali Mkouboi, à ceux qui sont à Lyon, au Havre, à Paris, à Marseille, à La Réunion, aux États-Unis, à Dubaï, au Qatar et partout dans le monde...Vous n'avez eu de cesse d'appeler pour demander des nouvelles d'Abdallah.

Nous savons comment Azali Assoumani veut diriger ce pays. Il se conduit comme à l'époque d'Ahmed Abdallah ( et les mercenaires) où en se réveillant, on découvrait des cadavres et des mutilés largués dans des caves. C'est ainsi qu'il entend gouverner ce pays en ce 3e mandat.

Voilà qui n'est pas surprenant. Azali fut commandant puis colonel de notre armée. Nous vous avions expliqués son parcours. Alors si aujourd'hui, ce mandat qui est son troisième à la tête de notre pays, est caractérisé par des assassinats et toute sorte de cruauté, cela n'est guère étonnant. Azali est un habitué des basses besognes.

Mais nous nous devons de vous dire ceci. Nous ne reculerons jamais.Et nous ne le considérerons jamais. Avant-hier, mardi, entre 22 et 23h, j'ai failli quitter ce monde et le lendemain, mercredi, vous auriez pu assister à mes obsèques. Car, vu la façon dont ils se sont introduits chez moi, s'ils m'avaient eu, je n'aurais pas pu m'en sortir vivant.

Comment aurais-je pu m'en sortir indemne alors qu'ils sont entrés à l'intérieur de mon domicile, armés et équipés, en toute discrétion, pendant que ma femme et mes enfants dormaient encore dans une chambre située à proximité du salon où je me trouvais avant de m'en fuir? L'un d'entre eux connaissait bien les lieux, eu égard à la facilité avec laquelle ils ont pu accéder dans la pièce où je me trouvais sans se perdre ou se tromper de direction. Quelqu'un du village ou qui connaît bien la maison était peut-être avec eux.

Mes relations m'ont sauvé. Mon Dieu, si j'étais resté chez moi encore deux minutes et que je n'avais pas répondu à cet appel, je ne serais certainement plus là aujourd'hui. Une personne m' a appelé, vous comprendrez que je ne puisse pas décliner son identité, et m' a demandé où je me trouvais. En train de dormir, lui répondis-je. C'est ainsi qu'il me demanda de me sauver sans traîner. Je ne peux pas vous dire si cette personne est un militaire, fait partie des renseignements ou si elle est issue de la société civile.

J'ai enfilé des habits de sport et en moins de deux minutes, j'ai traversé ma terrasse. Je rentre dans une maisonnette en paille en face de chez moi. C'est une espèce de cabanes entourée de bananiers et autres arbres dans un décor champêtre.

Sachant, d'après les indications reçues au téléphone que des gens allaient faire irruption chez moi, je me suis planqué près de ma maison pour pouvoir observer ces gens et en savoir plus sur leur provenance.

J'attendais là, plus bas, autour de cette cabane, dans la zone dite Issa Mhoma. Je pensais qu'ils proviendraient du sud. Je repérais, au loin, des lampes torches en cette nuit noire le long de cette route tracée par Mouigni Baraka et qui mène à Samba Kuni via le lycée de Ntsudjini.

Les lampes torches semblaient s'approcher. Je vois apparaître 3 hommes qui se positionnent autour de mon puits. Soudain, l'un d'eux grimpe sur le puits avant d'atteindre le toit. Le deuxième se met à marcher. Je distingue son uniforme. C'est un militaire. Le 3e s'est confondu avec un autre groupe de 3 à 4 personnes, positionné dans ma terrasse. Les lampes torches allumées, je les distingue aisément. Toute la maison était encerclée en sorte que je ne puisse pas les échapper. Pour ne pas éveiller les soupçons, les pas étaient retenus et certains marchaient pieds nus. J'ai compris qu'ils voulaient m'éliminer.

Je m'éloigne peu à peu, et en toute discrétion, des abords de ma maison. Je tombe sur un conteneur disposé dans le quartier derrière lequel je décide de me cacher. La première personne à qui j'ai téléphoné c'est Oubedillah Mchangama. Il ne m'a pas répondu. J'ai ensuite téléphoné à Ali Abdou Mkouboi que j'ai eu du premier coup. Je lui raconte l'histoire avant de rappeler Oubeidillah et lui expliquer, lui aussi, la situation.

Au même moment, ils ont annoncé que ma maison était envahie. Je n'ai pas prévenu les voisins par peur qu'en essayant de s'interposer, ils ne se fassent embarquer. Ces gens étaient prêts à tuer.

Étaient-ils envoyés par le procureur? Rien ne me permet de le dire. Étaient-ils envoyés par le chef de la gendarmerie? Rien ne me permet de le dire. Étaient-ils envoyés par le chef d'état-major? Rien ne me permet de le dire. Étaient-ils envoyés par la présidence? Je n'en sais rien. Sont-ils des simples citoyens? Je n'en sais rien. En tout cas, ils étaient habillés en tenues militaires.

J'ai appelé deux frères dont je tairai les noms. Voyant l'information sur internet, les jeunes de Ntsoudjini se sont mobilisés. Au préalable, j'ai entendu le moteur d'une voiture qui se trouverait près de Milembeni. La voiture était garée là, ils sont venus à pieds par ce chemin boisé qui mène jusqu'à mon domicile. Ils n'ont pas emprunté le chemin menant au lycée.

Les bruits de cette voiture étaient incessants. Alors, soit la voiture était stationnée là prête à repartir après cette opération qui a manqué sa cible soit elle arrivait en renforts. Je pense alors à ma femme et à mes enfants. Soudain, j'entends les grincements d'une porte qui se ferme violemment. Il s'agirait de ma porte, me dis-je, car nous avons un nourrisson à la maison qui pleure les nuits sans discontinuer et pour le consoler et rassurer les autres enfants, leur mère passe d'une chambre à l'autre et veille sur eux.

Ils sont repartis près de 30 minutes plus tard. Des amis sont venus. Les jeunes ont investi la forêt. Des voitures vont et viennent. J'étais serein. Un ami est parti réveiller ma sœur et mon frère aîné afin qu'ils se rendent tous à mon domicile. S'ils y périssent, ils sont au moins de ma famille. Je n'ai pas voulu réveiller les voisins au risque de causer du tort à des tierces personnes ou au village. J'ai même interdit à mes frère et sœur de les alerter car vu la façon dont ils avaient encerclés ma maison, ces gens étaient prêts à tuer.

La porte de chez moi était ouverte. Mon frère l'a découvert en s'y rendant. Je l'avais ouverte en partant, pensant pouvoir revenir la refermer après avoir scruter les alentours. Je n'ai pas eu le temps de la refermer, j'ai rapidement compris que j'étais recherché. Encore merci à cette personne qui m'a appelé, c'est la deuxième fois que la famille de cette personne me sauve la vie. La première fois, c'était au mariage de ma sœur, là aussi, si je n'avais pas été prévenu à temps, j'étais un homme mort.

Mon Dieu, en plus de ma mort, il y aurait eu d'autres dégâts si ces gens m'avaient intercepté ou violenté. Je dors toujours armé de sabre, de coupe-coupe, de machette...S'ils avaient tenté de m'assassiner, j'aurais sûrement réussi à toucher un gendarme ou un policier avant de tomber. Ils auraient, sans doute embarqué ma femme et mes enfants mais une chose est sûre: l'un d'eux l'aurait payé très cher. Soit une tête, soit un bras, soit peut-être le ventre, mon couteau, très tranchant, aurait servi à quelque chose mais jamais, je ne tomberais sans résistance. Dieu soit loué!

Ils sont donc allés réveiller ma femme.

- Sais-tu ce qu'il s'est passé demandèrent-ils.

- J'ai entendu des marches, Abdallah est peut-être parti aux toilettes. J'ai aussi entendu une porte grincer.

Elle a probablement entendu les bruits de ma fenêtre en acier. Je me suis enfuis en me défenestrant mais elle ne pouvait rien savoir de tout cela. La porte et la fenêtre étaient donc toutes les deux ouvertes.

Les autres, en rentrant, savaient pertinemment que je dormais là. Quelqu'un qui connaît les lieux leur a servi de guide. Ils ont ouvert mes valises, ont écrabouillé puis éparpillé mes habits, un ventilateur a été jeté au sol, le lit et le matelas renversés, une scène de chaos. Ma maison n'était plus qu'un champ de ruine. Mais Dieu merci, ils n'ont rien volé. Après-tout, je n'avais ni or ni argent. Ils n'ont rien volé, j'ignore ce qu'ils cherchaient dans les valises.

J'ai alors pensé à mes disques durs. A défaut de pouvoir m'arrêter, peut-être cherchaient-ils soit les disques durs de la Baraka Fm soit mon ordinateur. Il se trouve que mon ordinateur était posé sur une chaise et emballé de vêtements. J'avais même dit à un frère que je pensais à mon ordinateur. Même si j'ai certains de mes enregistrements sur disques durs, j'ai également énormément d'informations compromettantes dans mon ordinateur. Dieu merci, le frère en question a rejoint les autres frères et a récupéré l'ordinateur qui n'avait pas été touché.

Chers Comoriens, je veux vous dire que votre Abdallah est toujours le même. Je ne reculerai jamais. S'ils n'arrêtent pas Oubeidillah et Ali Abdou Mkouboi c'est parce qu'ils savent que je ne me rendrai pas parce qu'ils les ont arrêtés. Ils veulent donc m'arrêter d'abord avant de procéder à leur arrestation. Oubeid pourra faire tout ce qu'il veut, ils ne l'arrêteront pas. Ils feront comme la dernière fois. Ils ne l'arrêteront que lorsqu'ils parviendront à m'arrêter. Autrement, aucun des deux ne sera inquiété.

On m'a informé hier qu'une voiture du PIGN, remplie de gendarmes déambulait dans Ntsudjini en provenance de Milembeni. Elle aurait tourné autour de la mosquée après avoir contourner le lycée et fait un tour par l'hôtel touristique.

J'ai répondu que ce n'est pas surprenant si une voiture du PIGN passe par Ntsudjini car Ntsudjini est un camp militaire. Cela ne me fait pas peur, je ne m'exilerai pas à Mayotte et je n'irai pas m'installer dans un autre village. Je reste dans cette base militaire de Ntsudjini. Ntsudjini est un camp.

Et puis j'ai entendu Bolt dire, relayant ainsi une lettre des jeunes et de mes poches, que toute personne qui n'est pas de Ntsoudjini et qui s'y trouverait devrait s'en aller le plus rapidement possible avant carnage. Je veux vous dire que je décline toute responsabilité si une personne se fait tuer à Ntsudjini. Ntsudjini c'est leur village. Ils assument la sécurité de leur village, libre à eux de veiller sur lui. Alors si un militaire, un civil ou un citoyen ordinaire se fait massacrer à Ntsudjini, je n'y suis pour rien et je décline toute responsabilité. Alors que toute personne qui y mette ses pieds prenne ses précautions au préalable car ils ne font qu'assurer la sécurité de leur village, de leurs enfants et de leurs cadres et Mouigni Baraka, qui en fait partie, est aussi menacé d'arrestation même s'il effectue ces derniers temps, quelques déplacements. Exactement comme nous. Car nous allons sortir de Ntsudjini. Nous sommes prêts à être arrêtés. Personne ne nous fait peur. J'insiste sur ce point.

Ne tentez pas de nous intimider. Nous ne céderons jamais sous vos menaces. Apparemment il y aurait des législatives et il faut qu'on soit arrêté avant que ces élections n'aient lieu comme ce fut le cas lors des dernières présidentielles. Sauf que nous, nous nous moquons un peu de ces élections. J'ai du mépris pour vos institutions illégitimes. Alors faites ce que vous voulez mais je n'ai que mépris envers votre pouvoir et vos institutions illégitimes. Pour vous dire que je ne compte même pas couvrir ces législatives. Je m'en moque. Car les députés comoriens n'ont de députés que le nom.

Azali et ses proches se sont accaparés de nos biens et des deniers publics. Ils ont 3 députés en réalité. Les députés de notre argent, les députés de notre justice et les députés de notre sécurité. Tout ceci n'est que formalité. Le premier député c'est l'armée, le deuxième c'est la justice et toutes ses branches et le troisième c'est notre argent. Le reste n'est que pagaille et massacre.

Deuxièmement, comprenez, chers compatriotes, qu' Azali n'avait que deux députés. Mawlana et Ali Mhadji. Il ne lui reste plus que Mawlana et pourtant, il est majoritaire à l'Assemblée parce que certains de nos députés actuels sont des pierres, des pauvres types, des affamés. Ce ne sont pas des députés. Alors ne nous intimidez pas avec vos députés. Il était élu sans majorité parlementaire, le voilà majoritaire à l'Assemblée de l'Union parce que l'argent travaille, l'armée et la justice travaillent.

Non. Ne nous intimidez pas avec vos députés car même si Azali n'avait plus aucun député, cela ne l'empêcherait pas de disposer de l'argent public, de l'armée et de la justice. Tout ça n'est que peine perdue. Et même...Ne pas avoir de députés ou une majorité parlementaire, cela ne lui dit rien. L'Assemblée de l'Union est un sinistre lieu peuplé de pierres et de mannequins en vestes. Un peu comme les personnages de dessins-animés. Des simples marionnettes. Ils sont habillés en vestes et cravates, en boubous et bonnets, on les fait parler et marcher...Mais ce ne sont pas des élus dignes de sauver ce pays.

Tout ce beau monde, président, justice, armée, ces pierres et ces mannequins se ressemblent tous. Nous le savions. Nous avions dit que cette loi allait être votée car c'est notre argent qui parle, l'argent des Comoriens. Alors s'ils veulent m'emprisonner ou me tuer à cause de ces législatives, qu'ils sachent que je me gausse de ces législatives. Qu'elles aient lieu ou pas, il faut d'abord croire aux institutions avant de se battre pour elles. Avant-hier, j'ai refusé d'aller à l'Assemblée. Qu'ils s'enfoncent! Encore et encore. Qu'ils ne laissent aucune trace de leur passage au sommet de notre pays. Qu'ils lèguent toute sorte d'ignominie à leurs enfants. Tout comme les plus grands malfaiteurs de cette terre, ces gens doivent être momifiés à leur mort et exposés dans les musées. Toute personne qui participe à la décadence de ce pays, qu'il soit président ou député /dessin-animé, verra son corps momifié et exhibé à la risée collective, un peu comme les grands pharaons égyptiens.

Cela pour dire que si tu veux nous arrêter, pense aussi à arrêter les morts. Chers Comoriens, nous sommes là. Ils nous cherchent et nous les cherchons. Qu'ils comprennent qu'ils ne m'intimident pas. Je suis un homme. Nous sommes des hommes. Qu'ils prennent leur précautions et assument leur responsabilités. Nous prenons nos précautions et assumerons nos responsabilités. Qu'ils ne sévissent pas en cachette. Car celui cache, se fait toujours surprendre. Quand on se cache pour nuire, d'autres se cachent pour riposter. Ceci n'est pas une plaisanterie.

Vous nous aviez enfermés illégalement durant 4 mois moins 11 jours. Ne croyez pas que vous allez pouvoir continuer à nous enfermer à votre guise sans la moindre forme de jugement. Ne nous poussez pas à bout sinon, cela laissera des stigmates sur ce pays. Nous vous l'assurons. Ne nous poussez pas à bout. Il peut y avoir des regrets. Sachez que nous nous sommes préparés. Qu'il s'agisse de l'intérieur ou de l'extérieur; là, ce n'est pas Abdallah qui vous parle.

Je le répète sans arrêt cher Papa Lukman. Il n'y a qu'une chose qui vous maintient au pouvoir et tout le monde doit le savoir. C'est parce que nous avons chacun ses enfants, sa femme et sa famille mais je vous jure que si je n'étais pas père de famille- je ne te parle pas là de ma propre personne mais de mes enfants et de ma femme qui m'aiment- cela fait longtemps que j''en aurai fini avec tes proches et toi, Azali. Tu as de la chance à ce niveau-là.

Tôt ou tard, tu le regretteras. Tu sais bien que quand je décide d'agir pour mon pays, je le fais sans tergiverser. Le jour où tu me verras ôter mes lunettes, faire face aux Comoriens et leur dire que ton histoire est finie, tu ne joueras plus jamais avec eux. Je peux faire cela tout seul. Sans l'aide de personne. Publiquement. Chers Comoriens, c'est moi qui vous le dis. Si vous me voyez devant vous, sans mes lunettes, les yeux dans les yeux, comprenez ce jour-là, qu'Azali ne pourra plus s'échapper. Je le promets. Je le promets. Je le promets. Ce combat est tellement noble...J'ai assez parlé. Place aux actes. De tes manigances, et tu le sais Azali, on en a fini.

Toi qui as eu si peur de nos propos comme disait Bolt, alors que je ne sais ni lire ni écrire à part peut-être le Shikomor, imagine la peur que tu ressentiras le jour où je déciderai d'en découdre...

Je suis Comorien, de la Grande Comore, de la région d'Itsandra, de Ntsudjini. Mais je ne suis pas comme les autres Comoriens, fatalistes et craintifs. Sache qu'au moment venu, j'agirai. Publiquement. En présence de tes militaires. Sans armes. Mais j'agirai et personne ne pourra m'en empêcher.

Ce jour-là, les Comoriens comprendront que ce pays n'est pas ta propriété et que des gens sont prêts à tout pour le défendre. Je te le dis. Toi, Azali. Je ne parle pas de tes pompiers.

Je m'adresse à présent à ton fils Lukman. Prends tes précautions. Azali, préviens ton fils Lukman. Dis-lui qui je suis. Vous avez l'habitude que dans ce pays, personne ne bouge. Récemment, Fayçal a tenté de se rendre à Kadaani. Même si vous avez orchestré son exécution, c'était un message tout de même.

A Ramadhoine, chef de la gendarmerie. Tu es de Bandamadji. Je suis de Ntsudjini.

A Mohamed Abdou, procureur. Tu es de Ouzio, je suis de Ntsudjini.

Au procureur Dajé, tu es de Nyumadzaha et Ntsudjini.

Djouneid, tu es de Mdjoiyezi.

Mohamed Youssouf, tu es de Samba Mbodoni et Ntsudjini.

Cheikh Salim, tu es de Dzahadju et Ntsudjini.

Nourdine Abodo, tu es de Mitsudje et Madagascar.

Chef d'état-major, tu es de Tsidje et Ntsudjini.

Chef de corps, Kamal, tu es de Ntsini mwa Shongo.

C'est la première fois que j'énumère vos noms.Vous avez ce que cela signifie. Je ne vais pas m'y soustraire. Non. Je ne vais pas m'y dérober. Et j'irai à Moroni aujourd'hui même. Et demain. Arrêtez-moi, si vous le désirez, mais ce pays s'en souviendra. Vous comprendrez que vous n'arrêtez pas un misérable. Je ne vous fuirai plus jamais. Ce pays n'est pas votre propriété. Il n'est pas à votre merci. Ce pays retrouvera ses titres de noblesse. Le non Comorien comprendra que certains Comoriens sont prêts à mourir pour les intérêts de ce pays, sa souveraineté et ses frontières.

Quant à vous qui nous proposez de fuir, nous ne sommes pas Hassani Hamadi. Nous ne sommes pas de ceux qui ont ruiné ce pays. Pourquoi devrions nous fuir? Nous allons faire face. C'est ce qu'ils souhaitent. Que tous ceux qui osent dénoncer cette barbarie et les exactions de ce régime soient exilés et réduits au silence. Non. Nous n'allons pas fuir. Ouvrez des valises. Retournez des lits et des matelas. Chiffonnez des vêtements si vous voulez. Nous n'allons pas fuir.

Vouliez-vous me montrer que vous êtes rentrés chez moi? Je l'ai vu. Alors vous, militaires qui tournez en rond à Ntsudjini, prenez garde. Ceci est un avertissement au PIGN. Cessez vos insolences. Si vous entrez à Ntsudjini, faites-le en bonne et due forme. A Ntsudjini, nous avons un chef de village, un préfet, un maire, des chefs de quartiers. Mais si vous y entrez, comme vous le faites ailleurs, en toute sauvagerie, sachez que nous ne nous laisserons pas faire.

J'attendais de m'adresser aux Comoriens avant de prendre mes dispositions. Vous verrez quelque chose d'inédit. Ce que vous avez fait à Hamada Gazon ne se reproduira nulle part ailleurs. Rentrez y en bonne et due forme. Mais si vous entrez ici sauvagement, vous risquez d'y crever comme des rats. Toute personne, toute autorité qui rentrera à Ntsudjini avec respect, sera accueilli de la même manière. Mais celui qui y pénétrera avec arrogance, qu'il soit prêt à raser toute la ville.

Si Azali veut diviser nos localités, il le fera. Mais je le dis solennellement, le PIGN et les soldats qui rentrent dans nos villes et villages avec fracas, nous les connaissons tous. Nous savons qui ils sont. Le mal est fait. Que cela cesse! Si la justice veut m'arrêter ou arrêter n'importe qui ici, aucun problème à condition que cela soit fait dans le respect des règles, avec mandat par exemple. Les menaces doivent cesser.

Nous avons ici à Ntsudjini, plus de 63 militaires à la retraite.Des anciens de Bob Denard et d'Ali Soilihi. Mais nous voulons préserver la paix dans ce pays. Si vous voulez démolir ce pays, en tout cas vous ne ferez pas peur à Ntsudjini, ce camp militaire, cette ville de retraités militaires. Si vous êtes en quête de folles expériences, entrez donc à Ntsudjini avec insolence. Si vous entrez par décision de justice, il n'y aura aucun problème. Mais tout ordre qui viendrait de Beit-Salam est un ordre de sang!

Nous allons vous faire face. Nous n'allons pas fuir. Non, vous ne nous faites pas peur, vous qui n'êtes que des voleurs, des pilleurs de biens publics, des malfaiteurs, des imposteurs et des renégats. Non, vous ne nous faites pas peur, vous qui ne pensez pas au peuple mais à vos intérêts et à ceux de vos proches.

Nulle crainte chers Comoriens. Nous sommes là. Message à ceux qui instrumentalisent nos détentions et nos fuites. Cessez de demander de l'argent sur notre dos à chaque fois que nous sommes en prison. Nous avons des comités de soutien comme Agwa Free. Nous sommes en contact permanent avec eux. Nous n'avons jamais envoyé des gens pour demander de l'argent à n'importe quel patron ou politiques que ce soit. Nous ne sommes pas là pour nous enrichir. Si tel était notre intention, nous aurions fait appel aux Comoriens soit directement soit en lançant des cagnottes en ligne.

Ceci n'est pas une plaisanterie. Ne nous instrumentalisez pas. J'insiste sur ce point, je ne suis ni pauvre ni nécessiteux. Je suis riche de mon âme. A mes amis journalistes, si je me fais arrêter, je ne demande l'aide de personne. Si je dois passer 20 ans en prison, je le ferai. Si je dois passer 40 ans, il en sera ainsi. Mais ils comprendraient qui je suis alors à ma sortie. Et même avant mon incarcération. Non. Ils ne m'arrêteront pas comme la dernière fois. J'insiste. Je ne veux aucun soutien de quelque journaliste que ce soit. Si un journaliste veut intervenir, Faiza Soule, Oubeidillah, Ali Mkouboi ou Toufeyli Maecha par exemple, qu'il le fasse au nom de notre fraternité mais pas au nom de notre métier. Vous comprenez certainement. Je n'attends rien des médias.

Je crois en ce que je fais. Je ne me bats pas pour être aimé ou soutenu. Je le fais par amour pour mon pays et par respect à mon Seigneur. A chaque fois que j'ai été enfermé, je n'ai demandé l'intervention de personne pour ma liberté. Je n'ai jamais demandé qu'un homme politique intervienne auprès des autorités pour ma libération. J'ai la conscience tranquille.

J'ai de quoi être serein. Je ne suis ni voleur ni fumeur de chanvre. Je ne fais rien de répréhensible. Si je dois être enfermé pour m'être battu pour ce pays, ils peuvent m'enfermer éternellement s'ils le souhaitent. Ils m'avaient enfermé durant quatre mois. Azali a envoyé des gens pour me demander de lui formuler des excuses en vue de ma libération. Je le dis haut et fort. Si un jour quelqu'un vient te présenter des excuses de ma part, sache qu'il a menti, Azali Assoumani. Je ne te demanderai jamais pardon. Je n'ai rien fait de mal. Et je te le dis en toute quiétude, l'esprit tranquille et reposé.

Je sais ce que je veux. Mon combat a trois issues: La mort, l'hôpital ou le triomphe. Aller à l'hôpital c'est à moitié mourir. Je triompherai si ce pays triomphe. Autrement, je ne reculerai jamais. Quelque soient les obstacles en face.

Merci à vous diaspora comorienne,

Merci à vous chers Comoriens,

Merci à vous chers concitoyens;

Nous sommes toujours là, avec les mêmes convictions renforcées. Le pays ou la mort, aucune place à l'hésitation. Paix sur vous!

Traduit du ShiKomor par:

Omar MIRALI

Nourdine Mbae

Chamsoudine Mze Mchago.

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