Oubeidillah Mchangama: l'acharnement de tout un régime sur un bambin de 20 ans

05/12/2019

Le 30 novembre 2019, des femmes dont la moyenne d'âge avoisine les 60 ans, avaient organisé une manifestation à Moroni aux Comores, pour réclamer la restauration de l'État de droit et la démocratie. Après une marche pacifique sans le moindre incident, elles se sont arrêtées place de l'Indépendance pour psalmodier le Coran et appeler leur Seigneur à préserver la paix et la stabilité dans le pays.

Quelques minutes plus tard, l'armée a fait irruption sur place et a dispersé violemment les femmes manifestantes. 13 d'entre elles ont été arrêtées et enfermées à la maison d'arrêt de Moroni. Le journaliste Oubeidillah Mchangama, qui couvrait cette manifestation, a été lui aussi arrêté pour avoir filmé l'événement. Une vidéo montre son interpellation mouvementée en direct; un gendarme lui reprochait d'avoir diffusé une manifestation non autorisée. Oubeidillah Mchangama avait alors répondu qu'il ne faisait que son travail.

Placé en garde à vue durant plus de 48 heures (ce qui est illégal aux Comores) , personne n'avait réussi à obtenir des nouvelles du jeune journaliste. Pas même sa future femme dont le mariage était initialement prévu pour ce vendredi 06 décembre 2019. Hier, mardi 03 décembre 2019, le jeune homme, âgé seulement de 22 ans, a été transféré devant le juge, les journalistes venus assister à l'audience ont été chassés des abords du palais de justice de Moroni. Peu de temps après, l'information est tombée. Oubeidillah Mchangama est placé en mandat de dépôt pour avoir participé à « une manifestation non autorisée» et pour « trouble à l'ordre public.»

Pourtant, plusieurs journalistes diffusaient en direct la manifestation. Oubeidillah Mchangama, qui ne cesse de dénoncer la virée dictatoriale du régime d'Azali Assoumani est devenu la bête noire du gouvernement. Il a déjà passé près de 5 mois en prison début 2019. Il avait été arrêté, enfermé puis relâché; les autorités judiciaires n'ont jamais communiqué le moindre motif quant à cette privation de liberté. Cette nouvelle arrestation est donc la deuxième en moins de 8 mois.

L'acharnement du gouvernement sur ce journaliste, peut-être le plus influent des Comores, ne fait plus aucun doute. Il avait déjà été agressé physiquement par le ministre de l'intérieur, Mohamed Daoud Kiki, alors qu'il couvrait un sommet international qui se tenait au Palais du peuple, l'équivalent de l'Assemblée nationale en France.

Persécutés et outrés par cette nouvelle intimidation, les journalistes comoriens ont passé la nuit devant la maison d'arrêt où est enfermé leur confrère. Ils demandaient à être reçus par le ministre de l'information qui assure la direction de l'État en l'absence d'Azali Assoumani. Au moment où nous écrivons ces quelques lignes, aucune réponse ne leur a été donnée.

La fiancée du journaliste, française et membre de l'association Ufahari wa Komor, qui participe aux manifestations en France pour la fin de la dictature aux Comores, a fait le déplacement à Moroni, et s'est rendue à la maison d'arrêt. Elle a fait une vidéo dans laquelle elle demande, visiblement affligée, que l'ambassadrice de France à Moroni écoute son cri de détresse et s'interpose pour faire cesser les arrestations arbitraires aux Comores. Elle menace par ailleurs d'entamer une grève de la faim devant les locaux de l'ambassade de France aux Comores.

La Rédaction ( Sérieuse, notre Rédaction est responsable des articles qu'elle publie)

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